Juliette Drouet
Bibliothèque-ludothèque Juliette Drouet
Jeudi 4 février 2016
ALLOCUTION DE BEATRICE PAVY-MORANCAIS
Je suis très heureuse d'être aujourd'hui avec vous devant la Bibliothèque-Ludothèque de Chateau-du-Loir afin de lui donner un nom.
J'assume pleinement mon choix d'honorer un lieu de lecture, de culture et d'apprentissage en y associant le nom d'une femme, grâce à qui un grand homme a pu produire une oeuvre considérable, inspiré et porté par l'amour.
Il est peu de femmes honorées du fait d'une notoriété moindre que les hommes derrière lesquels elles ont été toute leur vie.
Car il est souvent vrai que derrière LE GRAND HOMME il y a une femme qui soutient, porte, rassure ; Bref, une femme aimante.
Telle a été Juliette Drouet. Une femme libre, passionnée et amoureuse de SON Victor Hugo.
Mais qui est cette femme hors du commun ?
Juliette Drouet naît le 10 avril 1806, à Fougères.
Orpheline de mère quelques mois après sa naissance, de père l'année suivante, elle est placée comme son frère et ses deux soeurs en nourrice puis dans un couvent de Fougères, avant d'être élevée par un oncle, René-Henry Drouet, qui s'établit à Paris : elle y suit sa scolarité au pensionnat religieux des chanoinesses de Saint-Augustin à Saint-Mandé de 1816 à 1821.
Elle devient, vers 1825, la maîtresse du sculpteur James Pradier, celui-ci la représente dans la statue symbolisant Strasbourg, place de la Concorde à Paris entre 1836 et 1846. Elle a avec lui un enfant, Claire, fille qu'il reconnaîtra deux ans plus tard.
Sur le conseil de Pradier, elle commence en 1828 une carrière de comédienne au Théâtre du Parc de Bruxelles, puis à Paris. Elle prend à cette époque le nom de son oncle. En 1833, alors qu'elle faisait une lecture du rôle de la princesse Négroni dans Lucrèce Borgia, Victor Hugo la remarque.
Elle abandonne sa carrière théâtrale à sa demande pour vouer le reste de ses jours à son amour. Il exige d'elle une vie cloîtrée chez elle et des sorties uniquement en sa compagnie. Leur liaison est affichée et notoire, y compris de l'épouse du poète et de leurs enfants.
À la mort de sa fille Claire, âgée de vingt ans, Victor Hugo mène le cortège funèbre avec Pradier, le père de la jeune défunte. Juliette n'a pas la force d'assister aux obsèques.
En 1852, elle accompagne son illustre amant dans son exil à Jersey, et puis en 1855 à Guernesey, mais sans partager son toit. Il lui loue une petite maison à portée de vue. Elle lui écrit tout au long de sa vie plus de 20 000 lettres ou de simples mots, qui témoignent d'un réel talent selon Gérard Pouchain qui écrivit sa biographie en 1992.
Elle s'éteint le 11 mai 1883 dans son habitation au 57, rue Jean-de-La-Fontaine, pied de nez de l'histoire, encore un auteur poète, à Paris. Elle repose au cimetière de Saint-Mandé près de sa fille Claire.
Leur relation a durée 50 ans... et plus de 20000 lettres.
Au-delà de cette personnalité enflammée, Juliette Drouet est certes la muse et l'inspiratrice du grand auteur mais également une comédienne, elle-même auteure. Grâce à son travail d'inventaire et de préservation elle permettra de conserver intactes les lettres échangées entre elle et Victor Hugo faisant là oeuvre littéraire.
Cette femme à la personnalité affirmée sauvera la vie de l'homme à qui elle a dédiée sa vie, ainsi que ses manuscrits, elle le suivra en exil et l'encouragera dans ses causes humanistes.
Les destins singuliers, notamment les femmes, sont souvent oubliés pour ne retenir que les grands hommes dont elles ont accompagné la fortune ; Ces femmes font partie de l'histoire, elles méritent respect et reconnaissance et doivent faire partie de notre mémoire.
C'est pourquoi nous sommes fiers d'honorer Juliette Drouet, exemple de courage, d'amour, de sens du combat, du sacrifice pour l'art, d'avoir accompagné la vie et l'oeuvre littéraire pour la postérité d'un de nos plus grands auteurs, sans conteste la passion de sa vie.
C'est ce parcours de femme exceptionnelle que la municipalité a choisi d'honorer en donnant le nom de Juliette Drouet à la Bibliothèque-Ludothèque de Château-du-Loir.
Juliette Drouet se plaisait à dire à Victor Hugo : « Nous faisons chacun de notre côté notre petit travail : toi, tu composes un chef-d'oeuvre, moi je t'aime. Il me semble que mon oeuvre ne sera pas inférieure à la tienne. »
Et Victor Hugo répondait : « Si mon nom vit, ton nom vivra... »
Voilà qui est fait.
Vive la Bibliothèque-ludothèque Juliette Drouet
Vive Château-du-Loir
Vive la République
Vive la France
Ouvrages de et sur Juliette Drouet à la bibliothèque

Livre
Juliette Drouet, Auteur ;
Gérard Pouchain, Éditeur scientifique ;
Marva A. Barnett, Éditeur scientifique
| Mont-Saint-Agnan : Publications des Universités de Rouen et du Havre
| 2012
Ces 105 lettres inédites de Juliette Drouet à Victor Hugo, récemment retrouvées dans les collections universitaires américaines de Yale, Harvard et Syracuse, et à la Pierpont Morgan Library, retracent plus de quarante ans d'une liaison passionnée.

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" Ma nuit avait été si agitée que je regrettais presque de m'être couchée ; aussi pour faire diversion à mes angoisses et pour occuper l'impatiente et inutile activité de mon sang et de ma pensée, je me lève à 6 heures Il fait nuit noire. Je m'h[...]

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Anthéa Sogno, Auteur
| Compagnie Anthéa Sogno
Victor Hugo et Juliette Drouet se sont aimés durant 50 années pendant lesquelles ils ont échangé 20 000 lettres d'amour.
La correspondance des deux amants révèle une passion dévorante traversée d'orages. De leur amour, il ne nous reste que la [...]